Caronades mises au jour à Larache (Maroc) en 2012. Photo Association Alkazabah pour la promotion du patrimoine culturel de la médina (PPCAM).
Peu utilisée en France pour l'armement des fortifications côtières, la caronade l'a été en Amérique du nord et en Afrique. À terre, son installation s'est faite sur des affûts de type marin, de petits affûts spécifiques, ou des affûts en fonte répandus dans les colonies.
Description
La caronade est une pièce d'artillerie courte, mais plus longue qu'un obusier de vaisseau, de fort calibre. Elle s'apparente initialement à un obusier, puis affecte une forme tronconique avec une culasse constituée de renforts circulaires.
Dans les premiers temps, les formes des caronades sont très variées. Certaines sont dotées de tourillons, qui disparaissent au profit d'un anneau inférieur, certaines ont un bouton de culasse, qui est ensuite remplacé par un anneau recevant une vis sans fin pour le réglage de l'élévation, surmonté d'un anneau de brague.
Détail de la vis de pointage, noter l'anneau de brague et le dispositif de mise à feu.
Cette nouvelle arme se caractérise par le fait que sa bouche est d'un diamètre supérieur à celui de l'âme. Celle-ci comporte deux parties : une d'un diamètre réduit pour la charge de poudre, l'autre forée au diamètre du projectile.
Origine
Les premières caronades ont été coulées en 1778 par la Carron Company en Écosse, d'où leur appellation (carronade en anglais). Le nom de leur concepteur demeure toutefois sujet à débats ; leur invention ayant été revendiquée par plusieurs personnes. Les premiers emplois de cette nouvelle arme sont le fait d'armateurs privés à la fin des années 1770.
En 1782, la Royal Navy dispose de 1 000 caronades en service sur de nombreux navires : du vaisseau de 100 canons au côtre.
Caronade française de 24 livres. Dessin Véronique Bardel.
Utilisation
La portée de tir de la caronade est courte (- de 500 mètres), mais armée à mitraille, elle produit des effets dévastateurs sur le pont des navires ennemis. La pièce peut également être chargée par un boulet plein ou un obus explosif rempli de poudre.
L'emploi de la caronade se fait donc à courte distance. Elle constitue un renforcement de l'armement des navires de fort tonnage et n'est pas destinée à remplacer l'armement standard de canons dont la portée est très supérieure.
4 hommes sont nécessaire au service d'une telle pièce qui reste en usage jusqu'aux années 1870.
La caronade entre dans l'histoire lors de la Guerre d'Amérique, en septembre 1782, au large de l'île de Batz (Finistère). Le vaisseau anglais Rainbow (1744), équipé à titre expérimental de 26 caronades de 68 livres, 20 de 42 et 6 de 32, décime l'équipage de la frégate de 18 l'Hébé (380 hommes, 40 canons, 1782). Pour venir à bout de la frégate, le navire anglais n'a utilisé que ces pièces de chasse et de gaillard d'avant et n'a tiré qu'à 26 reprises !
HMS "Amelia" chasing the french frigate "Aréthuse", 1813. Norfolk Museums and Archeology Service.
Cette nouveauté apparaît dans la saga de François Bourgeon, Les passagers du vent (tome 2, Le Ponton) à bord d'un côtre anglais.
La réplique du côtre corsaire Le Renard (Saint-Malo) est armée de caronades (répliques en fonte d'aluminium) ; la goélette L'Iris, qui a servi de modèle à La Recouvrance (Brest), en était également armée.
Remerciements à l'association Alkazabah pour la promotion du patrimoine culturel de la médina (Larache, Maroc), et à Véronique Bardel.
