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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 09:04

Le Fort National de Saint-Malo présente depuis quelques mois deux canons anciens mis à disposition par le ministère de la Défense. Provenant du port de Brest, ces canons ont subi un traitement conservatoire au sein d'Arc'antique à Nantes. Ils seront présentés sur des affûts adéquats.

 

L'un d'entre eux est une pièce britannique du début du XIXe siècle, rare en France et qui présente des caractéristiques intéressantes. Il s'agit d'un canon de 18 livres (18-pounder) du type Blomefield.

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Conçu par Thomas Blomefield, Inspecteur de l'artillerie à partir de 1780 (voir ci-dessous), les canons de type Blomefield constituent l'artillerie britannique par excellence des guerres napoléoniennes. Leur conception débute en 1786, au moment de l'introduction en France d'une nouvelle artillerie de marine conçue par Manson. Les pièces Blomefield entrent en service vers 1800; elle sont employées jusqu'aux années 1860.

 

Ce type de canon se caractérise par la présence d'un anneau de brague sur le bouton de la culasse. Avant l'introduction de cette disposition, la brague retenant le canon lors du recul était enroulée autour du bouton. L'orientation de la pièce à droite ou a gauche pour le tir était ainsi rendue difficile. Avec l'anneau, la brague coulisse lors de l'orientation de la pièce. Dans la plupart des cas l'anneau de brague n'était pas utilisé pour les canons armant des batteries de côte.

 

Une autre caractéristique est la forme de la culasse. Les moulurations cèdent la place à une culasse arrondie concentrant plus de matière afin de mieux résister à l'explosion de la poudre dont l'efficacité est améliorée. Dans le même but, le premier et le second renfort reçoivent plus de fonte. La tulipe est également redessinée et simplifiée, ne comportant plus que trois courbes identiques.

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La plate-bande de culasse est gravée de marques servant à la visée ; elle sont alignées avec une marque sur la tulipe. 

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Les canons Blomefield de 18 livres exitaient en deux versions : une longue et une courte. Celui du Fort National correspond à la version courte. Celle-ci équipait le pont principal des frégates de 46 et de 42 canons, tandis que la version longue équipait le pont supérieur des navires de 74 canons.

 

Près de 30 000 pièces Blomefield ont été coulées pour armer les navires de la Royal Navy et les fortifications littorales de l'empire britannique. Les spécimens conservés en France sont rares.

 

Le canon de Saint-Malo a malheureusement perdu ses tourillons et donc ses marques de fonte. Il est ainsi impossible d'identifier sa date de fabrication et la fonderie qui l'a coulé. La pièce conserve toutefois le monogramme de George III (1760-1820) sur le second renfort, de même que la flèche caractéristique qui atteste l'appartenance au gouvernement britannique sur le premier renfort. La culasse porte la masse du canon : 38 - 1 - 5, soit 1 947 kg. La pièce a également perdu l'anneau de brague de la culasse ; elle porte le support d'une platine de mise à feu.

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Au Fort National, ce canon témoignera de l'artillerie employée par la Royal Navy face à une telle fortification de côte. La pièce sera présentée sur un affût marin britannique (à suivre...).

   

Pour voir ce canon et découvrir le Fort National : www.fortnational.com.

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Sir Thomas Blomefield (1744–1822)

 

Après une année dans la Royal Navy, Thomas Blomefield rejoint le Royal Artillery en 1759 et commande dès cette année une galiote à bombes lors du bombardement du Havre, sous les ordres de l'amiral Rodney. Il participe ensuite à la bataille de la Baie de Quiberon.  En 1762, il est présent lors de la prise de La Martinique et de La Havanne, ainsi qu'à Pensacola et Mobile. En 1776 il gagne le théâtre d'opérations nord-américain où il conçoit notamment des batteries flottantes pour les lacs canadiens. Blomefield est sérieusement blessé lors de la bataille de Saratoga (1777), touché à la tête par un projectile.

 

En 1780, à 36 ans, Blomefield est nommé Inspecteur de l'artillerie et des fonderies à la suite de la dégradation de la qualité des pièces d'artillerie fournies aux armées et de plusieurs accidents survenus lors de tir d'épreuve. Au cours de sa première année d'exercice, Blomefield rejette pas moins de 496 pièces à l'issue d'épreuves. Il entreprend la réforme de l'artillerie et demeure à ce poste jusqu'à sa mort en 1822.

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Published by Artillerie & Fortification - dans Réalisations