La forme des canons de l'époque moderne ne doit rien au hasard ; elle est une question de géométrie appliquée.
La morphologie générale tronconique s'explique par le renfort de la pièce au niveau de la culasse et du premier renfort, c'est-à-dire à l'endroit où se trouve la charge de poudre et où s'exerce la pression maximale lors du tir. L'extrémité du tube (la tulipe) est également renforcée car l'on pense à l'époque qu'il s'y exerce des efforts importants lors de la sortie du boulet. Le bouton quant à lui sert à la manutention du canon et à son amarrage à bord des navires de la marine.
La mesure-étalon à partir de laquelle la pièce est dessinée est le calibre massique : le poids du boulet exprimé en livres de balle, une livre correspondant à 489 grammes.
La longueur de l'âme (évidement intérieur du canon) est définie en nombre de calibres, donc de boulets. 18 calibres dans cet exemple d'une pièce de calibre 12 livres du XVIIIe siècle. Le diamètre et la largeur des tourillons reprennent également cet étalon.
Un exemple plus ancien du XVIIe siècle :
Un exemple plus tardif, avec un canon de 32c des années 1880 dont l'âme mesure 30 calibres :
Le tracé du bouton reprend le strict diamètre du boulet ; la culasse est ensuite tracée de la façon suivante.
Le reste du tracé de la pièce est homothétique, au moyen d'un jeu de report de mesures. La plupart des dimensions sont exprimées en 1/18e de calibre, de même que l'épaisseur des différents parties. Enfin, le poids de la pièce est également donnée en boulets : 250 boulets, soit 2 995 livres (1 466 kg), pour une pièce de 12 livres de 1786.
Pour les affûts marins, l'épaisseur des flasques (côtés), de l'entretoise, des roulettes et le diamètre de leur axe, sont égaux au diamètre du boulet ; la sole quant à elle, sur laquelle se pose le coin de mire, a une épaisseur d'un demi boulet.
Enfin, les ustensiles sont également définis selon cet étalon : cuillère, refouloir, mais aussi gargousse.
